Le massif du Dévoluy

Le socle support

Le Dévoluy s’inscrit dans une chaîne de synclinaux perchés qui s’étendent de Veynes jusqu’à Annecy : Dévoluy, Vercors, Chartreuse, Bauges. Le Dévoluy est le plus haut de ces massifs préalpins, le Vercors culminant à 2340 m, la Chartreuse à 2100, le Dévoluy à 2789.

Le massif du Dévoluy au sens strict de l'UP éponyme est formé essentiellement de terrains sénoniens (calcaire à silex) qui installent un des paysages majeurs du Dévoluy, les falaises et les éboulis (4768 ha d'éboulis). Ces formations géologiques forment les lignes bordières du mas­sif avec de puissantes et majestueuses falaises vers les extérieurs (Pic de Bure au Sud, 2709 m, montagne du Faraud et Bec de l'Aigle 2328 m) et des pendages qui forment des pentes plus ou moins formées. Les seuils paysagers se situent au niveau des cols du Festre et du Noyer.

Entre les bordures, se loge la cuvette centrale, grand synclinorium dans lequel se détachent le synclinal de Saint-Disdier et le synclinal de Saint-Etienne en Dévoluy. Les paysages du Dévoluy sont aussi la résultante du travail des glaciers au quaternaire : cirques, an­ciennes moraines et ombilics en sont les empreintes actuelles.

La formation géologique du massif caractérise les paysages dans ses macros reliefs (synclinaux) et dans ses micros reliefs (talwegs, combes, dépressions, monticules, etc.).

Les sols sont très variés même si certaines zones marneuses sont peu propices à la "fabrication" de sols évolués, de même pour les calcaires compacts situés sur les fortes pentes. Se trouvent donc des sols bruts, peu évolués dans les systèmes des éboulis, alors que les terrains marno-calcaire et les sédiments détritiques du tertiaire permettent la "naissance" de sols beaucoup plus riches (sols bruns). Le sol support du Dévoluy est ainsi fait de roches, de lithosols et de terres fertiles exploitées par l’agriculture.

Le réseau hydrographique

Le réseau hydrographique de l'UP du Dévoluy est bel et bien conditionné par la géologie de ce territoire.

Les deux principaux cours d'eau qui circulent dans le paysage du Dévoluy sont la Souloise et la Ribière ainsi que leurs affluents. Ces deux rivières sont alimentées toute l'année avec un régime très faible en été, parcourant les quelques terrains imperméables de ce vaste karst qu'est le Dévoluy. Car effectivement en l'absence de ses sols imperméables, il n'y aurait pas de réseau hydro­graphique de surface dans le Dévoluy.

La Ribière prend sa source aux vallons des Aiguilles pour ensuite confluer avec la Souloise qui elle, débute son périple au col du Rabou pour finir au nord du massif dans le lac artificiel du Sautet en Isère. L'eau de ce territoire se retrouve également dans des sources dont les origines remontent au quaternaire et à la présence des glaciers. Ces derniers n'existent plus aujourd'hui mais les cartes anciennes stipulaient leur présence en 1936 notamment au niveau du Grand Ferrand.

Le Dévoluy est une vé­ritable passoire laissant passer dans ses entrailles une grande partie de ses eaux de ruissellement, de pluie et de fonte. La richesse aquifère du Dévoluy plonge dans le réseau karstique souterrain avec ses gouffres (Chourum en Dévoluard), galeries, si­phons, etc. Ce territoire hydrogéologique se caractérise par plus de 600 cavités pour lesquelles les spéléologues sont toujours à la recherche de la mystérieuse rivière souterraine. Cet immense réseau souterrain va trouver son exutoire au lieu-dit la Source des Grandes Gillardes sur la commune de Pellafol en Isère, point bas de ce gigantesque maillage hydraulique. Cette résurgence de type Vauclusienne est classée deuxième de France par son débit (3 à 35m3/seconde)

Si l’eau se fait plutôt rare en surface mais présente en profondeur, d’aucuns pensèrent à la capter pour la conduire sur des terres parfois lointaines : ainsi, à la fin du XIXe siècle, le projet de capter les sources des Gillardes pour irriguer les terres de Pellafol fut élaboré et réalisé. Les travaux débutèrent en 1876 et consistèrent à réaliser 8 kms de canal dans le rocher, 12 kms de sous branches et 30 kms de branches tertiaires, le tout pour irriguer 260 ha. Les travaux s’achevèrent en 1880. Dix ans plus tard, l’irrigation fut interdite car les habitants constatèrent une accélération rapide de l’érosion des terres argileuses de Pellafol (18 m/an). De ce projet subsiste le canal taillé dans le rocher, au niveau du défilé de la Souloise.

La végétation

Ce pays est dit désertique et minéral car la présence des éboulis semble masquer la présence de la végétation, cependant le végétal est quasiment omniprésent et seul un tiers de la surface du sol n'est pas, ou seulement très peu, occupé par la végétation.

La forêt recouvre un quart du territoire, cependant le paysage peut s'enorgueillir des peuplements de hêtre, de pin sylvestre et de mélèze. Ces boisements sont particulièrement présents au sein des vallons et combes : ils suivent la géomorphologie des deux synclinaux qui ont dessiné la dépression du Dévoluy. Les espaces forestiers du Dévoluy sont majoritairement issus du reboisement notam­ment réalisés par l'ONF ces 25 dernières années (Faraud, le Preit, l'Aup, les Eygayères). Seul le système forestier du Bois Rond sur l'ubac de la montagne de Barges est considéré comme un bois naturel où cohabitent sapins et épicéas.

La richesse floristique du Dévoluy se répartit au gré de l'étage montagnard, subalpin et alpin.

Le pin à crochet et la lande à genévrier nain, à raisins d'ours et à myrtille sont les principaux écosystèmes de végétation situés entre 1600 et 2300 m. Le mélèze est parfois présent avec quelques spécimens.
Les versants subalpins sont constitués d'éboulis plus ou moins végétalisés par des pelouses à Seslérie (Sesleria coerulea) et à laîche toujours verte (Carex sempervirens). C'est à cet étage que se trouvent les prairies natu­relles au plus grand nombre d’espèces herbacées.

L'étage alpin est celui des falaises et des éboulis les plus denses. Les plantes ont su s'adapter aux conditions édaphiques, climatiques et physiques difficiles de ces milieux en adaptant leurs sys­tèmes racinaires et foliaires : une des grandes caractéristiques des sommets du Dévoluy est d’avoir abrité des nunataks, surfaces non glaciaires entourées de glaciers, au moment du Riss et du Wurm. Le massif abrite ainsi des espèces végétales rares et endémiques. Par ailleurs, les pierriers constituent un écosystème singulier, les pentes du Pic de Bure étant réputées pour être les pierriers vivants les plus grands d’Europe.

En contrebas de ces étages, la végétation associée aux cours d'eau, la ripisylve et son cortège de plantes herbacées, arbustives et arborées.

L'Urbanité

En matière d’urbanité, le Dévoluy peut se découper en deux secteurs

La zone des stations qui englobe le versant ubac et Ouest du massif d’Aurouze soit le Col du Festre, une partie d’Agnières et de Saint-Etienne : ceci correspond aux aires d’influence de la Joue du Loup, de Super-Dévoluy et du pôle touristique du Col du Festre. C’est l’espace le plus habité et le plus productif en matière d’échanges économiques.

L’espace qui entoure la partie précédente et qui constitue la zone la plus agricole pas ou peu exploitée par le tourisme. L’habitat se répartie en de multiples hameaux sis sur les espaces agricoles les plus productifs.

Les formes urbaines

La zone des stations

La réalisation des stations de Superdévoluy et de la Joue du Loup a entrainé le développement de nouvelles urbani­sations, soit sous forme de lotissements, comme à Saint-Etienne, soit sous forme de maisons individuelles (Agnières, hameau de Giers).

Ces paysages de plateaux de Saint-Etienne et d’Agnières sont des secteurs de grande ouverture paysagère et donc de très forte sensibilité où toute construction nouvelle marque le paysage.

La création des stations de Superdévoluy et de la Joue du Loup, installées en site vierge a marqué les esprits et parfois heurtés ceux-ci, même si cette nouvelle urbanité étaient pour les Dévoluards un moyen de rester au pays. Construite dans les années 65-70 (prévue initialement pour accueillir 6 000 lits), la station de Superdévoluy a été initialement constituée d’un immense bâtiment bloc unique surnommé « le paquebot des neiges ».

Ce bâtiment du bois d’Aurouze caractéristique de cette génération de stations est une double barre formant une vague de douze niveaux « posée » face aux pentes de Bure. L’idée d’origine était de transporter la ville à la montagne et dans un même bâtiment d’intégrer : appartements, hôtels, restaurant, magasins, piscine, services. Aucune réflexion sur les abords n’a accompagné le projet.

Vinrent ensuite deux autres immeubles dans la continuité du premier, « les Issarts » et « Plein Sud », puis ces dernières années de petits immeubles et des résidences de chalets en bois sont venus se développer en périphérie.

De nombreux aménagements ont été réalisés afin d’améliorer le fonctionnement général de la station. Plus récemment le centre sportif du Dévoluy qui est une structure couverte de 3200m² permettant l'accueil de 800 personnes est venu compléter les équipements en offrant des activités diversifiées.

La station village de la Joue du Loup affiche une volonté d’intégration dans le site. La création d’un site à taille humaine a conduit à la construction de bâtiments plus petits et groupés, aux volumes plus recherchés. Ces dernières années quelques « lotissements » de chalets ont conduit à une extension plus diffuse du noyau initial. Cependant, la gestion des stationnements, d’aménagements d’entrée de station et de traitement des espaces extérieurs restent un problème.

L’espace circum-stations

Les faibles turbulences de l'histoire, les pentes relative­ment faibles du plateau, l'intérêt de se trouver à proximité des champs pour gagner du temps d'exploitation, ont en­traîné une dispersion importante de l'habitat sous formes de quelques fermes isolées et de nombreux hameaux (Description de l'habitat et de l'architecture dans l'UP du Dévoluy Source Atlas 99)

Le paysage habité des hommes se répartit au sein de trois bourgs principaux que sont St Disdier, Agnières en Dévoluy et St Etienne en Dévoluy pour ensuite se disperser sur la quarantaine de hameaux le plus souvent très proches du chef-lieu. Outre les hameaux, l’habitat s’est dispersé en fermes individualisées, pour être au plus près des champs par souci d’économie de temps et d’énergie.

Cette dispersion ne génère pas d’inten­sité urbaine. Ce paysage construit et habité se révèle au travers de l'agriculture et de ses pratiques notamment celles du pastora­lisme dont l'empreinte dans le paysage du Dévoluy est encore bien présente. La modernisation de l’agriculture a entraîné l’apparition de nouveaux bâtiments dont les matériaux ne tiennent pas toujours compte de l’environnement existant.

Cependant les formes urbaines ne sont pas homogènes car les paysages construits et habités du Dé­voluy sont très divers : bourg encore grou­pé pour Agnières et hameaux éclatés comme à l'Adroit se côtoient.

Les caractères architecturaux

La pratique des sports d'hiver et notamment la nais­sance en 1966 de la station de Super Dévoluy a bou­leversé le paysage de l'architecture traditionnelle des bourgs et hameaux à cette époque. Cette station a hérité d'une construction digne d'une architecture révolution­naire, ainsi le site verra-t-il surgir de terre une immense "barre" qui regroupera appartements, com­merces et services pour le bien être des "touristes".

L’architecture traditionnelle s’est adaptée aux contraintes du site (pente, vent). La maison est très longue et basse (R+1), toujours implantée dans la ligne de pente. Les toi­tures sont à deux pentes raides. Le versant orienté Nord descend presque jusqu’au sol pour se protéger du vent alors que les ouvertures sont toutes situées au Sud.

L'architecture traditionnelle doit aujourd'hui cohabiter avec une architecture plus conventionnelle, moins à l'écoute du caractère climatique et des compo­santes du sol support. Et si les villages ont su garder un cœur de bourg avec un habitat hérité des derniers siècles, se dessine autour de ces centres une urbanisation qui diffuse et parsème ces constructions au grès des opportunités foncières. Dans cette logique, certains groupes d'habitation (lotissement) apparaissent également dans le paysage du Dévoluy.

"Architecture hétéroclite : l'identité urbaine traditionnelle ne se lit plus au milieu des constructions qui regroupent tous les genres : toit plat, à deux pans, avec lucarnes, orientation variable des faîtages, constructions en maté­riaux divers... L'implantation d'un bâtiment agricole au sommet de la côte a un fort impact dans le paysage (Description et commentaire de l'architecture du bâti et de l'urbanisation du hameau de Giers Source Atlas 99)

En termes de patrimoine bâti, la Mère l'Eglise demeure un fleuron de l’architecture haut-alpine dans la mesure où cet édifice est le plus ancien après la Tour Brune à Embrun. Cette église de pur style roman date de 1070 : la nef est recouverte de lauze alors que les absidioles de chaume, le clocher datant du XIVeme est petit, trapu de style dauphinois avec une cloche de 1737. La Mère Eglise était un lieu de pèlerinage pour demander la pluie.

Le Dévoluy a accueilli la construction d’un refuge Napoléon ; il est l’un des six refuges que Napoléon finança par un legs alors qu’il était en exil à Sainte-Hélène. Les fonds n’ont été débloqués que 30 ans plus tard à l’avènement de Napoléon III.

Hormis ces bâtiments historiques, le patrimoine vernaculaire se matérialise par de nombreux fours et de multiples fontaines, marqueurs d'une organisation collective nécessaire pour subvenir aux besoins de subsistance de la communauté.

Infrastructures & réseaux

Le Dévoluy est accessible par route départementale :

- via le défilé de La Souloise au Nord-Est soit en provenance de l’Isère ; la Route Départementale N°537 (RD 537) est étroite, tortueuse et encaissée ;

- via le Col du Festre situé au Sud-Ouest, en provenance du Buëch, empruntant la vallée du Béoux, soit le défilé encaissé de Potrachon, c'est la RD 937 qui se raccroche à la RD 994 (Gap -Veynes). Cette route départementale est la seule à traverser l'UP du Dévoluy du Sud au Nord. Elle fait partie des itinéraires stratégiques du département et elle est considérée par le Service Entretien et Exploitation de la Route à la fois comme un Itinéraire d'Intérêt Touristique Majeur (IITM) et comme un Réseau Secondaire à Vocation Touristique Saisonnière (RSVTS). Un fort accroissement de la moyenne journalière annuelle a été constaté passant de 861 véhicules par jour en moyenne (MJA) en 2009 à 1 042 véhicules par jour en moyenne en 2012.

- via le Col du Noyer, en provenance du Champsaur. Ce fut la première route du Dévoluy, construite entre 1854 et 1858 et inaugurée par le Préfet d’alors, en même temps que le refuge Napoléon. Cet axe est fermé de novembre à mai.

Le réseau routier de l'UP du Dévoluy ne se résume pas uniquement à trois départementales, il faut rajouter à ces routes 13 voies supplémentaires (toutes des départementales) classées soit en IITM soit en Réseau Se­condaire de Desserte Locale (RSDL). Les RD numéro 937D, 317, 317A, 317B, 217, 417, 517 et 520 sont les itinéraires qui desservent les quarante hameaux du Dévoluy entre autres.

La valeur des MJA constatée sur la RD17 est relativement importante compte tenu du faible nombre d’habitants au sein de l’UP. L’enclavement de ce massif peut expliquer l’utilisation de la voiture comme moyen de déplacement afin de rejoindre le pôle de Gap.

La gare SNCF la plus proche est celle de « Veynes-Dévoluy » située à Veynes soit à une vingtaine de kilo­mètres.

A l'Ouest, seuls les chemins de randonnée permettent de passer les cols pour se rendre vers le pays du Beauchêne et du Trièves.

Les paysages agricoles

73% de la superficie du Dévoluy est propriété publique, la commune étant le plus grand propriétaire. Le bois occupe 9% du territoire public, le reste est privé. La prédominance du paysage agricole se résume dans ces chiffres de l'occupation du sol à savoir : 42 hectares de bâti, 3 270 hectares de forêt, 4 768 hectares d’éboulis, 5 007 hectares de broussailles et 5 537 hectares de Surface Agricole Utile (Source Diagnostic et Foncier du Dévoluy 2014). La SAU occupe donc un peu plus de 5500 ha, un quart étant dévolu aux cultures fourragères et aux céréales, les trois quart restants étant de la surface toujours en herbe. Beaucoup d’éleveurs du Dévoluy exploitent les terres du cône de déjection du Béoux sur la commune de Montmaur, la possibilité de faucher sur de grandes parcelles d’un seul tenant rompant avec le parcellaire morcelé du plateau.

Malgré son altitude, son climat plutôt froid, son sol poreux et souvent pierreux, l’agriculture du Dévoluy a des atouts :

Une pente globalement faible
Des exploitations moyennes assez importantes (superficie moyenne de 50 à 70 ha)
Le Dévoluy est un territoire d'élevage : bovin laitier et ovin, mais la production ovine demeure la principale orientation. Le cheptel est resté stable entre 1988 et 2010 (4 100 têtes de bétail) avec un pic en 2 000 où plus de 5 300 bêtes été recensées. La particularité du Dévoluy est d’avoir adopté depuis de nombreuses générations la race Mérinos d'Arles en raison de sa rusticité mais aussi pour des raisons culturelles ; la légende de la Transhumance soutient que « le Dévoluy serait une tranche des Alpilles de Provence que les Mages de la famille de Balthazar auraient transplantée au milieu des grandes Alpes. » Ainsi, plus de 25 000 brebis pâturent et façonnent depuis des générations le paysage.

Malgré ses atouts, le nombre d’exploitations agricoles a quasiment été divisé par 2 entre 1988 et 2010 passant de 84 à 49 exploitations. La PAC, le manque de relève et la prédation sont les principaux facteurs de cette désaffection agricole.

La structure du paysage agraire est simple, les fonds de vallons et la périphérie des villages et hameaux sont occupés par le do­maine cultivé, constitué de quelques terres labourables et de prairies installées sur un sol pierreux.

Ce paysage agraire ouvert est marqué par la présence de clapiers et l’absence de haie végétale, à l’exception du secteur de Saint-Disdier où le paysage agraire du Champsaur, composé de parcelles de petites tailles détourées par des haies végétales, semble avoir essaimé dans le Dévoluy. Depuis 1988, la superficie des parcelles labourées tout comme la superficie toujours en herbe sont restées stable. Cette zone de champs est ceinturée par un vaste domaine extensif de pâturage qui rejoint les crêtes qui limitent l’Unité de Paysage.

Les paysages de loisirs

L’ouverture aux loisirs prônée par les Trente Glorieuses s'exprime parfaitement dans le Dévoluy au travers d’une maxime développée par l'Office du tourisme local pour sa brochure de communi­cation :

" Le D-voluy votre cure de vitamine " suivi de " D-mesuré, D-vallez, D-lirez, D-tendez-vous, D-compressez, D-foulez-vous, D-connectez, D-calé et D-couvrez " des mots qui laissent entrevoir toute la diversité des paysages qui permettent des pratiques multiples qu'elles soient sportives, de loisirs, culturels et scientifiques.

Aucune des autres Unités Paysagères peut se prévaloir d'offrir une aussi grande palette d'activités à pratiquer depuis le sous-sol jusqu'au sommet des montagnes et même plus loin vers les étoiles.

Malgré cette panoplie, l’activité touristique reste encore fortement tournée vers les sports d’hiver avec les stations de Superdévoluy et de la Joue du Loup, bien que la diversification conduise les élus et les socioprofessionnels à élargir leur gammes de prestations, été comme hiver. Le Dévoluy est un grand spot de ski de randonnée qui attire les populations de Gap et de Grenoble, mais l’organisation de la pratique n’est pas un créneau exploité par les élus et les socioprofessionnels.

Principalement tourné vers les sports d’hiver, l’UP du massif du Dévoluy offre d’autres activités :

• l'escalade : Pic de Bure et falaises des Gillardes offrent de grandes voies, les Gicons au niveau de Saint-Didier permettent une escalade plus accessible en falaise et une via ferrata est équipée dans le défilé de la Souloise,
• la spéléologie, avec ses nombreuses cavités appelées localement chourums (mot sarrazin),
• la randonnée : principalement orientée sur le massif d’Aurouze (Pic de Bure), elle offre d’immenses possibilités sur le reste du massif notamment sur sa barrière Ouest. Un seul GR la traverse.

L'offre touristique et sportive fort attractive en ce pays, s'est accrue avec le centre sportif de super Dévoluy qui regroupe des salles de squash, une salle multisports, un mur d'escalade de 18m de haut avec surplomb, une salle de remise en forme, une salle de musculation, un espace ludique pour les enfants, une salle vidéo, un sauna. Il permet des activités de loisirs toutes saisons et diversifie l’offre. Une richesse éco-géologique, l’histoire du petit patrimoine, la modernité de l’Observatoire sont autant d'atouts pour diversifier l’offre touristique de cette "enclave" du pays Haut Alpin.

Industrie et artisanat

L’Unité paysagère ne comprend aucun élément de caractère industriel. Peut s’y rapprocher, le réseau de cinq radiotélescopes situé à 2 552 m sur le plateau de Bure, installé en 1977 par l'IRAM (observatoire dans le domaine des ondes millimétriques) et qui constitue un interféromètre. Le ciel particulièrement clair dans cette région et à cette altitude a été essentiel dans le choix de ce site du Pic de Bure.

Par ailleurs, des savoir-faire essentiellement de transformation de produits agricoles locaux ou sauvages ont développé un commerce local.

L'association Couleurs Dévoluy qui a été créée par un groupe de producteurs et d'artisans d'art du Dévoluy a pour but de promouvoir et valoriser collectivement les produits agricoles et artisanaux du Dévoluy. Elle valorise de nombreux produits : confi­tures, agneau du Dévoluy, fromages de brebis et de vaches, pains cuits à l'ancienne, plantes aromatiques et médicinales, objets artisanaux en bois...

Les paysages administratifs

Depuis le 1° Janvier 2013,  les anciennes Communes d’Agnières-en-Dévoluy, de Saint-Disdier, de Saint-Etienne-en-Dévoluy et de La Cluse ont fusionné en une seule : Le Dévoluy qui est le premier regroupement départemental.

Par ailleurs, depuis 2015, Dévoluy n’est plus un canton autonome mais a été regroupé avec le canton de Veynes.

Des politiques de gestion et de protection sont à l’œuvre :

Site NATURA 2000 Directive Habitat/ ZSC FR9301511 Dévoluy, Durbon, Charance et Champsaur.
Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope APPB FR 3800781 Plateau de Bure

Le paysage des stations, espace de tourisme

Sur les pentes douces, en ubac du massif d’Aurouze, se sont installées les deux stations de sports d’hiver : Superdévoluy et la Joue-du-Loup.

Elles constituent la partie industrialo-touristique de l’Unité de Paysage. Elles impriment le paysage de leurs pylônes, bâti, infrastructures et des aménagements entièrement dévolus à l’activité économique du ski de descente.

Le paysage hors stations, espace de ruralité et de nature

Il correspond à l’ensemble de l’Unité de Paysage du Dévoluy sans le territoire des stations. Quelle que soit la « porte d’entrée » utilisée, le paysage dévoluard se construit sur l’enchainement des séquences suivantes, des hauteurs vers le fond de vallée.

Les remparts

Ils correspondent à une succession de corniches rocheuses (crêts) qui de l'extérieur comme de l'intérieur matérialisent les fortifications de cette forteresse de pierre. Hormis quelques trouées que sont les cols, le Dévoluy est ceinturé par ces remparts de rocher qui fondent l'identité de l'Unité de Paysage.

Constituées de calcaire sénonien jaune-gris, ces roches donnent également une couleur au territoire. Les reliefs les plus prégnants dans le paysage sont : à l'Ouest le Grand Ferrand (2758 m), au Nord la montagne de Saint Gicon (2086 m) à l’aplomb de la rive droite de la Souloise, à l'Est la montagne de Faraut, infranchissable du Pic Pierroux (2377 m) jusqu'au col du Noyer ; au Sud-Est, le Bec de l'Aigle (2367) et au Sud, la montagne de Barges, le Pic de Bure (2 709 m) et la montagne d’Aurouze.

Sur ces hauteurs, marquées par des éboulis de calcaires fins, se disperse une flore unique, à forte valeur patrimoniale et endémique.

Les pentes douces aux motifs karstiques

Il s’agit de la zone intermédiaire entre les remparts et les espaces cultivés et habités. Une fois passé les éboulis de calcaire fin, les zones de pelouses rases alpines et subalpines se déroulent et font la transition entre la lande et les forêts "hautes". C'est dans cette étendue que se trouvent des sapinières, des pessières, des pinèdes et le mélèzin. Ces masses boisées qui ponctuent le paysage de tâches en font également toute sa richesse car ils contribuent à la diversité des paysages minéraux et à la biodiversité de cette étendue.

Ces pentes plutôt douces sont en fait une enfilade de petits ressauts offrant çà et là des replats : cette morphologie donne à lire l’armature karstique qui les sous-tend et qui se dévoile à la surface par la présence de chorums (avens dévoluards), de lapiazs dont les rigoles de dissolution peuvent être très dentelées au point d’être coupantes, de dolines, de pertes, de failles, etc.

Ce "gruyère géologique" comme le dénomme certains a permis à l'eau de s'infiltrer et de circuler dans ce sous-sol pour ressortir sous la forme d'une exurgence dans le défilé de la Souloise.

Une exception cependant : les pentes de la montagne de Faraut. Contrairement aux autres remparts, cet adret présente des pentes très prononcées, ponctuées de pierriers et découpées de multiples ravines.

Cet espace est utilisé pour le pastoralisme, en témoignent de nombreuses cabanes de bergers à mi-pente encore bien exploitées. C’est aussi un lieu de pratiques "libres" d’activité de pleine nature dont la randonnée pédestre, le ski de randonnée et les raquettes en période hivernale.

Le socle agro-rural

En deçà de 1500 -1600 mètres d’altitude, apparaissent les motifs agricoles (culture, prairies de fauches et parties basses d’alpages) et boisés qui s’entremêlent avec des zones habitées et aménagées pour tous les services à la personne (déplacements, commerces, fonctions administratives, etc.).

Ce socle présente une homogénéité paysagère bien qu’elle englobe aussi bien les fonds de vallée que les cols car les usages et les pratiques du paysage y sont identiques.