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On est en train de comprendre que la société contemporaine ne pourra pas échapper à l’idée que les gens ont envie de vivre dans une maison, pas forcément une maison au ras du sol ; on peut vivre en étage, mais dans une maison qui veut que l’on ait une pièce qui est dehors, qui a un rapport avec le dehors.

Les banlieues pavillonnaires sont des machines à créer de la haine : chacun est dans son jardin à égale distance de l’autre… Il y a quand même quelque chose qui est intéressant pour le futur, c’est l’introduction du vivant dans la ville et de faire que la ville soit plus poreuse. Le mal vient d’une certaine limitation d’une idée de la nature : on croyait que la nature, c’était ce qui était dessiné mollement, souple, un peu genre estomac malade ou les circonvolutions cérébrales. Tout ça, était évanescent, Les allées n’étaient jamais rectilignes ; on croyait que la nature, c’était l’indécision, ce qui n’est pas vrai du tout. Dans cette idée de la nature naturante imposée au XIX°, il y avait cette détestation de la ville qui commençait à naître. Les arbres ont mieux à faire que de compenser une ville malade mais sont là en crescendo de la ville bien faite ! Les villes italiennes sont des villes de pierres qui ont été complètement investies de l’idée de la nature.

 

Extrait d’un entretien entre Michel Corajoud (1937 – 2014) et Emmanuel Laurentin – France Culture, la Fabrique de l’Histoire

Michel Corajoud est auteur de « Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touche »